AFP : L’antiterrorisme s’est interessé dès 2012 à un ami afghan de Merah

© AFP, le 10 avril 2013

Les enquêteurs de l'antiterrorisme (Sdat) se sont intéressés, dès mars 2012, à
une connaissance de Mohamed Merah, un Afghan avec lequel il aurait fait du
trafic de drogue et qui l'aurait mis en contact avec un réseau jihadiste, selon
le Nouvel Observateur à paraître jeudi.

Amir Mohamad, 21 ans, a été entendu dès le 27 mars 2012, soit quelques jours
après les meurtres du tueur à scooter de Toulouse et Montauban, par les
policiers de la Sdat, a indiqué une source proche de l'enquête confirmant une
information de l'hebdomadaire.

Interrogée par l'AFP, l'avocate d'Amir Mohamad, Me Béatrice Spitéri, a elle
aussi confirmé que son client lui avait dit connaître Mohamed Merah et avoir été
interrogé par la Sdat alors qu'il était en prison.

Ce témoignage "n'a pas été versé au dossier judiciaire", selon le Nouvel
Observateur. Ce que confirme également un avocat des parties civiles. C'est
qu'après vérifications, les déclarations d'Amir ont été jugées "fantaisistes"
par les enquêteurs, explique une source proche du dossier.

"Tous les éléments factuels qu'il nous a donnés ont été vérifiés", a réagi le
journaliste Guillaume Dasquié qui a participé à l'enquête, citant en exemple des
caches d'armes, mentionnées par Amir Mohamad en Ile-de France.

Le Nouvel Obs a interrogé en début d'année Amir Mohamad en prison, par
l'intermédiaire de téléphones portables. Il a "confirmé que Mohamed Merah
participait à des go-fast et précisé l'avoir accompagné dans certaines équipées"
de trafic de drogue, selon l'hebdomadaire.

Selon Amir, "Merah vendait de la cocaïne et de l'héroïne". Un autre témoin, une
lycéenne amie d'Amir, affirme de son côté que les deux garçons "sont allés en
Espagne plusieurs fois chercher du matériel" à bord de voitures rapides.

Autre indice de la proximité de Merah avec les trafiquants de drogue, pour
l'hebdomadaire : le colt 11.43 retrouvé chez Merah. L'arme avait été volée en
juin 2011 à un champion de tir en même temps que de nombreuses autres armes et
des munitions.

Mais à la suite d'une erreur dans le référencement de l'arme, les enquêteurs
n'avaient pas pu faire le lien entre le colt volé et celui retrouvé chez Merah,
selon l'hebdomadaire. L'information a été confirmée par une source proche de
l'enquête.

Toujours selon le témoignage d'Amir cité par le Nouvel Observateur, l'Afghan
aurait mis Merah en relation avec les milieux jihadistes à sa sortie de prison
en 2009, et en particulier avec l'homme qui l'aidera à se rendre une première
fois en Afghanistan fin 2009.

L'enquête judiciaire, notamment l'analyse des passeports français et algérien de
Merah, ne fait toutefois apparaître que deux voyages dans des zones sensibles, à
l'automne 2010 en Afghanistan et à l'été 2011 au Pakistan.

Mais lors de son audition par les juges, l'ex-patron de la DCRI, Bernard
Squarcini, avait lui aussi évoqué trois voyages, selon le PV d'audition consulté
par l'AFP.

Selon le Nouvel Obs, un faux passeport aurait permis à Merah de traverser la
frontière entre l'Iran et l'Afghanistan. Et il n'y était pas seul, bénéficiant
au contraire de complicités, d'après le témoignage d'Amir cité par
l'hebdomadaire et qui contredit la thèse du "loup solitaire".

Me Spitéri confirme que son client, qui se désintéressait de la religion selon
elle, avait donné à Merah l'adresse de sa mère en Afghanistan.

Arrivé en France en situation irrégulière à 15 ans, Amir Mohamad avait été placé
dans un foyer à Toulouse où il a rencontré Merah, selon son avocate. Condamné en
juin 2012 pour enlèvement et séquestration, il a récemment été libéré et placé
sous le coup d'un arrêté de reconduite à la frontière, a-t-elle précisé.