AFP : Violation du secret défense, vers la déclassification de documents de l’ex-DST

© AFP, le 7 décembre 2012

L'ex-DST a-t-elle commis en 2007 une provocation, lors d'une enquête pour
violation du secret de la défense par un journaliste, en demandant à un
enquêteur privé de se faire remettre par ce journaliste des documents
classifiés ?

C'est à cette question que tente de répondre depuis plusieurs mois le juge Marc
Trévidic, chargé d'une information pour "détention et divulgation au public de
documents ou renseignements ayant le caractère d'un secret de la défense
nationale".

Le magistrat pourrait être éclairé dans son enquête après la publication
vendredi au Journal officiel d'un avis de la Commission consultative du secret
de la défense nationale (CCSDN). Celle-ci se déclare favorable à la
déclassification partielle de sept documents du ministère de l'Intérieur portant
sur ce volet de l'affaire de violation du secret de la défense.

Selon une source proche du dossier, ces documents proviennent de l'ex-DST
(Direction de la surveillance du territoire, intégrée au sein de la DCRI en
juillet 2008).

Ils portent sur le dossier dans lequel Guillaume Dasquié, actuellement directeur
de la publication du site gratuit d'information Owni, a été mis en examen le 7
décembre 2007 pour "détention et diffusion au public de renseignements, de
documents ou de fichiers ayant le caractère d'un secret de la Défense
nationale".

La justice lui reproche d'avoir publié dans un article du Monde du 17 avril 2007
des notes classifiées "confidentiel défense" émanant de la Direction générale de
la sécurité extérieure (DGSE) relatives au projet de détournement d'un avion
américain par Al Qaïda avant les attentats du 11 septembre 2001.

Notes de la DGSE sur Al Qaïda

Il revient maintenant au ministre de l'Intérieur de suivre ou non l'avis de la
CCSDN. La quasi-totalité des quelque 190 avis de cette commission indépendante
ont été suivis par les autorités concernées (Elysée, Matignon, Défense,
Intérieur ...).

Selon une source proche du dossier, Guillaume Dasquié a de nouveau été mis en
examen le 28 février 2012 par le juge Trevidic. Le journaliste est accusé
d'avoir, en janvier, février et mai 2007, porté à la connaissance de
Jean-Charles Brisard, enquêteur privé travaillant pour des familles de victimes
du terrorisme, 200 feuillets de plusieurs notes de la DGSE sur Al Qaïda avant
septembre 2001.

Lors d'une confrontation, toujours le 28 février 2012 dans le bureau du juge
Trevidic, entre MM. Dasquié et Brisard, celui-ci aurait assuré que l'une des
rencontres aurait été organisée par l'ex-DST.

"J'ai indiqué au cours de cette confrontation que la DST était parfaitement
informée d'au moins une de ces rencontres. A l'époque, la DST cherchait à
connaître la source de la compromission des secrets de la défense nationale et
on m'avait demandé de les en informer", a déclaré à l'AFP M. Brisard.

Dans une déclaration à l'AFP, Me Nicolas Verly, l'un des avocats de Guillaume
Dasquié, se "félicite" de l'avis favorable à la déclassification de la CCSDN.
Selon lui, "il nous est récemment apparu qu'un témoignage à charge contre M.
Dasquié pourrait se trouver remis en cause du fait des relations privilégiées
que son auteur entretenait avec la DCRI", sans citer le nom de Jean-Charles
Brisard.

"C'est la raison pour laquelle nous avons demandé au juge Marc Trévidic de
solliciter la déclassification des documents se rapportant aux opérations de la
DCRI dans cette procédure, lesquelles font peser un grave soupçon de partialité
puisque cette même DCRI est le service chargé de l'enquête judiciaire contre
l'article du Monde pour lequel Guillaume Dasquié se trouve poursuivi", ajoute Me
Verly.