AFP : Le journaliste mis en examen pour compromission du secret de la défense

© AFP, le 6 décembre 2007

Le journaliste Guillaume Dasquié a été mis en examen dans la nuit de jeudi à
vendredi pour compromission du secret de la défense, soupçonné d'avoir divulgué
des éléments provenant de rapports de la DGSE relatifs au terrorisme, a-t-on
appris de source proche du dossier.

Co-fondateur du site internet geopolitique.com spécialisé dans la publication de
documents classifiés, M. Dasquié est poursuivi pour "détention et divulgation au
public de renseignement ou fichier ayant le caractère d'un secret de la défense
nationale" dans le cadre d'une information judiciaire confiée au juge
antiterroriste Philippe Coirre.

Cette infraction est passible de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros
d'amende.

Il a été placé sous contrôle judiciaire, selon cette source.

Il avait été interpellé et placé en garde à vue mercredi matin à son domicile
parisien par six policiers de la DST qui ont également effectué une
perquisition.

Selon une source proche du dossier, lors de sa garde à vue les policiers ont
cherché à obtenir les sources du journaliste à l'origine de ce fuites.

M. Dasquié est soupçonné d'avoir publié dans un article du Monde du 17 avril
dernier des éléments provenant de rapports de la DGSE (direction générale de la
sécurité extérieure) sur le terrorisme.

Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, avait saisi le Garde des
sceaux d'une plainte contre X, après la divulgation par le quotidien de ces
documents classifiés avertissant d'un détournement d'avion américain huit mois
avant le 11 septembre 2001. La plainte concernait "notamment six notes
classifiées de la DGSE".

Selon l'article et les documents publiés par Le Monde en avril 2007, les
services de renseignements extérieurs français avaient alerté en janvier 2001,
soit huit mois avant les attentats du 11 septembre, leurs homologues américains
d'un projet de détournement d'avion américain par Al-Qaïda.

Le Monde précisait alors être en possession de 328 pages de documents de la DGSE
frappés de la mention "confidentiel défense", des "notes, rapports, synthèses,
cartes, graphiques, organigrammes, photos satellite". Le tout, précisait alors
le journal, représentait "rien de moins que l'essentiel des rapports de la DGSE
rédigés entre juillet 2000 et octobre 2001".

Selon une autre source proche de l'enquête, il est également reproché à M.
Dasquié, la divulgation d'un document du ministère des Affaires étrangères
relatif à l'affaire Borrel (du nom d'un magistrat décédé dans des circonstances
non élucidées à Djibouti, ndlr), également dans un article publié dans Le Monde,
daté du 10 juin dernier.

Reporters sans frontières a dénoncé dans un communiqué les "procédés abusifs"
utilisés à l'encontre de Guillaume Dasquié, estimant qu'on "ne peut pas faire
porter la responsabilité de fuites, au sein des services de renseignements ou
d'un cabinet d'instruction, à un journaliste qui divulgue des documents
méritant, en l'occurrence, d'être portés à la connaissance du public. Guillaume
Dasquié a fait son métier. Il ne doit pas être traité ainsi".

DATE-CHARGEMENT: 6 décembre 2007